La science économique au service de la société

Communiqué

Un ouvrage au titre tapageur est récemment paru et a reçu une couverture médiatique abondante. Dans cet ouvrage, les auteurs défendent avec virulence la légitimité exclusive de certaines méthodes, expérimentales, de la recherche en économie et prétendent écarter du débat public les auteurs qui n’y auraient pas recours. Parmi les chercheurs attaqués pour ne pas fonder leurs arguments sur cette méthode figurent deux de nos collègues, Philippe Askenazy et André Orléan.

La violence de certains propos de l’ouvrage visant nos collègues doit nous inviter, avant toute chose, à exprimer notre solidarité à leur égard. Et, au delà de l’expression de cette solidarité, à réaffirmer que la force de PSE vient aussi de la diversité de notre communauté.

Beaucoup d’entre nous publient, régulièrement, dans les revues académiques les plus reconnues, assurant ainsi à leurs travaux, et à PSE, une grande visibilité internationale. Nous devons être fiers de cette ambition exigeante et des résultats obtenus, et nous pouvons être en droit de souhaiter que ces travaux soient plus largement relayés dans les débats. D’autres contribuent également de manière déterminante à la connaissance et à la réflexion économiques, diffusant leurs travaux sous la forme d’ouvrages solidement appuyés sur leurs travaux de recherche, dont certains connaissant parfois un écho mondial. Cette diversité des formes de diffusion du savoir, nous devons également l’assumer fièrement. De plus en plus, les analyses des phénomènes économiques et sociaux sont enrichies par de nouvelles données parfois massives, par de nouvelles techniques statistiques ou économétriques, par l’examen d’archives originales mettant en lumière des dynamiques historiques, par un appui sur des méthodes expérimentales elles-mêmes variées. Cette multiplicité des approches fait bouger les lignes, modifie l’articulation de la théorie économique et des analyses empiriques, et doit nous inviter à nous interroger sur l’avenir de notre discipline et sur ses mutations épistémologiques.

Mais ce n’est pas à coup d’anathèmes médiatiques que nous devons conduire cette interrogation. Non seulement l’invective ne déshonore que ses auteurs, mais comment penser qu’elle puisse faire progresser la réflexion ? Au contraire, ces questions doivent être posées sérieusement. La récente conférence d’Angus Deaton à PSE, tonique, argumentée, et respectueuse de tous, et au cours de laquelle il rappelait que même dans une étude expérimentale, il était judicieux de mobiliser tous les savoirs pertinents, a montré qu’une telle démarche exigeante était possible. La diversité de PSE est une chance extraordinaire pour enrichir ces débats : sachons profiter de cette richesse.

Pierre-Yves Geoffard, directeur de PSE