Emploi, formation et lutte contre le chômage

Éligibilité à l’assurance chômage et durée des emplois, Laura Khoury (Université Paris Dauphine-PSL)
Alors que la littérature sur l’assurance-chômage (AC) a largement documenté le rôle du niveau et de la durée des prestations, nous savons encore peu de choses sur l’effet des conditions d’éligibilité à l’assurance-chômage. Ces conditions imposent souvent un minimum d’historique d’emploi pour avoir droit aux allocations chômage. Dans cet article, nous exploitons une réforme française qui a assoupli ce critère après 2009 pour évaluer l’impact des conditions d’éligibilité à l’assurance-chômage sur la durée de l’emploi. À l’aide de données administratives de panel retraçant les épisodes d’emploi et de chômage au niveau individuel, nous montrons que la réforme a induit un saut dans les sorties de l’emploi au nouveau seuil. Nos résultats montrent que les décisions d’embauche des entreprises jouent un rôle dans cette réaction de séparation : elles programment les contrats à durée déterminée de manière à ce que leur durée coïncide avec le nouveau seuil. La réforme affecte également la durée d’emploi des travailleurs au-delà de ceux qui recherchent l’éligibilité à l’assurance-chômage, ce qui indique l’émergence d’une nouvelle norme en matière de durée des contrats.

L’impact à long terme des primes à l’embauche, Cyprien Batut (Institut Avant-garde)
Cet article étudie la mise en œuvre d’une prime à l’embauche destinée aux petites entreprises en France pendant la Grande Récession. À l’aide de données administratives françaises, il estime son effet sur la croissance de l’emploi et les flux de travailleurs dans les entreprises éligibles plus de deux ans après que la prime ait été annulée. Elle a eu un effet positif sur la croissance de l’emploi en raison d’un plus grand nombre d’embauches. La croissance de l’emploi n’est pas retombée en dessous des tendances observées avant le traitement après la fin de la prime, ce qui signifie que les emplois créés n’étaient pas transitoires. Le coût public par emploi créé représente 19 % de son coût privé en 2012.

Changement technologique et externalisation domestique, Sara Signorelli (CREST)
Nous étudions la diffusion échelonnée de l’internet à haut débit en France dans les années 2000 et montrons que les entreprises connectées ont augmenté leurs dépenses de sous-traitance tout en réduisant la diversité des professions qu’elles emploient en interne. Dans le même temps, l’emploi dans les professions non essentielles s’est de plus en plus concentré dans les entreprises spécialisées dans les services de sous-traitance. Enfin, nous démontrons que les travailleurs occupant des postes hautement qualifiés ont bénéficié de gains salariaux grâce à l’externalisation, tandis que les travailleurs occupant des postes peu qualifiés ont été perdants. Dans l’ensemble, nous montrons que le déploiement de nouvelles technologies telles que l’ADSL a stimulé la sous-traitance domestique, avec des implications importantes pour l’inégalité sur le marché du travail.

Contribution des étudiants étranges au marché du travail US, Morgan Raux (Aix-Marseille School of Economics)
Alors que les universités américaines attirent des millions d’étudiants internationaux, nous ne savons pas combien d’entre eux travaillent aux États-Unis après l’obtention de leur diplôme. Dans cet article, nous mettons en oeuvre une estimation par variables instrumentales, en utilisant des variations quasi-aléatoires dans les frais de scolarité, et nous estimons qu’entre 2003 et 2017, un étudiant international supplémentaire en master (ou licence) attiré par une université a augmenté l’offre de main-d’oeuvre qualifiée aux États-Unis l’année de son diplôme d’environ 0,23 (0,08) employé. Seuls les étudiants en STEM (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques) ont eu un effet positif et significatif sur l’offre de main-d’oeuvre, en particulier après la réforme de l’Optional Practical Training de 2008.

Inspections pédagogiques et productivité des enseignants, Simon Briole (Université de Montpellier)
Les enseignants du secondaire sont évalués tous les cinq à six ans par des inspecteurs académiques en France. Ces inspections comprennent l’observation d’une séance de cours, un entretien de débriefing et la rédaction d’un rapport d’évaluation officiel. Les résultats de ces évaluations sont utilisés pour déterminer l’avancement de carrière des enseignants. Nous montrons que ces évaluations répétées contribuent à améliorer la productivité des enseignants (mesurée par les performances de leurs élèves) à tous les stades de leur carrière. L’impact sur la performance des élèves est particulièrement fort dans les établissements d’éducation prioritaire et reste significatif plusieurs années après l’inspection. Les retours des inspecteurs jouent probablement un rôle clé dans cet effet.